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Du côté de la friche

le 18 mai 2024 à 15h, le 19 septembre 2024 à 19h30 et…

Du côté de la friche
Lieu : Rendez-vous devant l’entrée du musée Wiertz
62 Rue Vautier, 1050 Ixelles

Immersion littéraire dans la vaste friche qui s’élève en paix, ni vue ni connue, sous les fenêtres du parlement européen, le Caprice des dieux.

Texte et lecture-performance in situ : Geneviève de Bueger
Flûte, composition et dans le rôle de l’enfant : Timothé de Bueger
Dramaturgie : Julie Goldsteinas
Durée : 45 minutes

Contact : ducotedelafriche@yahoo.com
Prix conscient
Verre offert à l’issue de la lecture

Remerciements : les gardiens du lieu : la chatte Lola, l’Institut des Sciences naturelles, Alexandre et sa fille M., feu le botaniste Jean Linden, la horde des érables sycomores, …

Dans cet espace que Gilles Clément appelle un « Tiers paysage », Geneviève de Bueger vous invite à voir Bruxelles dans une autre version. Que vous arrive-t-il lorsque vous contournez le Parlement européen et pénétrez la grande friche méconnue qui s’élève sous ses fenêtres ? En dialogue avec le langage musical de Timothé de Bueger, l’autrice adopte dans son récit poétique la perspective des espèces végétales, animales et humaines qui fréquentent le lieu. Elle imagine l’espace depuis leurs corps et à leur échelle, elle témoigne de la vie qui circule entre l’érable sycomore et l’humain de passage. Elle éprouve l’épaisseur du lieu et ses histoires ;  envisage la friche comme un lieu de rencontre où l’on vient et vit, à hauteur de son inconstance, de ses formes hétérogènes et de son inventivité.

Une création originale réalisée dans le cadre du fiEstival MaelstrÖm Revolution 2024

« C’était très fort comme façon de lire à haute voix, très sensoriellement complet. Les descriptions sont hyper précises et évocatrices, tous les sens sont en éveil. L’expérience est forte et en même temps dure, parce que les choses partagées ne sont pas toujours faciles à entendre même si c’est réel et que ça fait partie du cycle de la vie. La vision humaine devient plus qu’humaine, végétale, animale. Le texte va chercher à l’essentiel, à la profondeur. » Violaine Dehin, chanteuse et professeur de chant, le 19 sept. 2024

« Voir se superposer les images véhiculées par la voix de Geneviève avec celles de l’environnement qui nous entoure apparaît particulièrement intéressant. Comme un trait d’union entre deux temps, deux réalités. On retrouve dans son texte une minutie, une attention portée aux détails. Ce que l’observation fait advenir de fabuleux et en quoi cela nous incite à soigner notre environnement. Et ce que cela provoque au niveau du ressenti temporel. Aussi une harmonie avec ce petit flûtiste, hors temps. » Caroline Boulord, écrivaine et physicienne, mai 2024

« Emportée par le rythme des phrases, l’image des mots, le monde imaginé, par la vie, et la mort, la présence, la connexion, la patience, l’étonnement, l’impermanence, la résonance, l’attente, en bref, la Vie. » Mencia Sanchez, directrice de l’asbl Cool@School, mai 2024

« On a la sensation de ralentir et que l’espace public devient soudain une conscience autour de soi au lieu d’un lieu de passage. J’ai ressenti un « shift of perception », un glissement dans la perception de la réalité. Le jeu de transformation de l’image poétique en son avec le petit flutiste est d’une douceur et d’une délicatesse rares. » Margherita Scalise, metteuse en scène et dramaturge pour la compagnie Wim Vandekeybus/Ultima Vez, mai 2024

« Un voyage métaphysique et poétique dans le réel, une lecture habitée et essentielle qui habille si profondément ses mots. » Benjamin Simonis, entrepreneur, mai 2024

« Ode à ce qui vient, ode à ce qui est, accueil, observation active de ce qui existe. » Hedwige Lagasse, artiste peintre et jardinière, mai 2024

« Une expérience en soi, toute entière, qui vous prend et vous emporte. J’ai eu les larmes aux yeux. C’est émouvant et très beau de le vivre, de ressentir dans notre corps le vécu du vivant qui est décrit. » Joséphine de Grand Ry, fiscaliste, mai 2024

Extrait

 Sur le terrain interdit tu fais quelques pas. Une friche s’élève sous tes yeux, en plein cœur de Bruxelles.

Mer paisible sous la falaise de fenêtres. Une campagne de musées perdus. Quand tu vis, il faut s’étonner. Le miracle se produit. Les herbes et les arbres poussent à l’abris de la maisonnette blanche.

A la façon d’un chien, tu explores les arrières et les bords, les bancs sous le pin noir et l’érable sycomore, la maison rouge, le buste de Jean Linden, au fond du jardin. Le botaniste muet consacre le lieu. Du côté de la friche.

Quelqu’un tousse, sort de la maisonnette blanche. C’est le gardien du lieu. Quand tu vis, il faut s’étonner. Tu es la bienvenue. Un banc t’attend face à la friche.

Le calme de la friche s’installe. Le calme de la friche s’étend jusqu’à ses bords. A ses bords, le calme se réverbère et revient à elle. Le bruit arrive avec très peu d’humains. Trois gamins, quelques marcheurs. Ils partent, le calme se réinstalle. Le calme du lieu te pénètre. Il fait le lieu. Dans ton carnet se dessine le mot calme, au milieu.

La chatte Lola s’avance vers toi. Elle traverse la pelouse, vient à ta rencontre. Elle grimpe sur la table, ne te chasse pas. Elle hume tes mains et ton pouls pour la première fois. Confiante elle s’étire et t’offre son ventre. Tu ne bouges pas. Elle se lève, tu la suis des yeux. Elle entre dans la friche à pas de chat. Elle lève les pattes et n’écrase pas.

Tes pieds lourds se tiennent à distance. Tu attends et dans cette attente ton ouïe tes yeux tes doigts s’arrêtent – tu affutes tes sens. Lola contourne une herbe, une pousse d’arbre. Elle goute l’une, renifle l’autre.

L’Enfant apparaît.

(…)

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