Aux étangs des enfants noyés
Sur ton œil luit cette pellicule d’eau
qui révèle sa présence tout au fond
la fontaine dans le silence de ton corps
caverne sourde à la surface immobile
Les branches cassantes d’autres saisons
tordent leurs doigts dans l’apesanteur
imposent sur toi leur géante ossature
crispent ta vie au-dedans
Ton œil glauque dont l’étendue oblige
à s’asseoir là, où ton être me bassine
de son appel inerte à le voir autre
trouve en moi ce qui m’anime
Ton œil ce demi-globe de lumière
bassin comblé que j’embrasse à l’envers
posé en équilibre sur ta pupille noire
masque ta source que j’essaie de voir
Les jours obscurs où plus encore je cherche
ta fontaine invisible dont je veux m’abreuver
les doigts brandis me tiennent à distance
assise tranquille auprès de toi j’y boirai.